Quels sont les facteurs de la crise de la quarantaine ?
Catégorie : Crise de la quarantaine
Avant de répondre à cette question, essayons déjà de comprendre ce qu’est la crise de la quarantaine ou crise de milieu de vie.
Il s’agit d’une crise existentielle qui toucherait aussi bien les hommes que les femmes et qui se produirait, comme son nom l’indique, au milieu de la vie. Pas encore vieux mais plus si jeune, le quarantenaire est en proie à des questions existentielles qu’il avait jusqu’alors plus ou moins bien réussi à maîtriser.
En se tournant vers son passé, il se voit proposer plusieurs choix :
- pleurer sur sa jeunesse révolue
- nier l’évidence et continuer à croire en la jeunesse éternelle
- accepter le temps qui passe et se rappeler les bons moments vécus
- il se pétrifie face au peu de temps qui lui reste à vivre
- il décide de tout plaquer (le ronronnement de sa vie de couple, son boulot qui l’ennui de plus en plus) pour partir en Jamaïque où vit son vieux pote rasta qu’il a pas vu depuis 20 ans mais dont il a toujours secrètement admiré le courage de refuser la société en bloc)
- il noie sa trouille de devenir vieux dans l’alcool et la drogue (mais va trouver du shit à 40 ans, gros malin !)
Accepter le fait de vieillir est le lot commun de chacun d’entre nous. C’est plus ou moins facile, selon notre tempérament, la vie qu’on a vécu jusqu’à nos 40 ans (a-t-on suffisamment profité de notre jeunesse ?) la vie qu’on mène au moment où nous affrontons le passage vers cette nouvelle décennie (est-on pleinement satisfait de notre situation professionnelle, amoureuse, amicale ?).
Mais quels sont les différents éléments déclencheurs d’une crise de la quarantaine ? Parmi tant d’autres éléments, nous pouvons en citer quatre.
La perte d’un proche
Plusieurs événements peuvent bousculer la vie bien rangée que notre quadragénaire menait jusqu’alors. La perte d’un proche en fait partie. Plus nous vieillissons, et plus nos aînés vieillissent, et aux alentours de 40 ans il n’est pas rare qu’un parent décède ou soit atteint d’une maladie grave. Rien n’est immuable et personne n’est éternel, voilà de quoi faire vaciller notre quarantenaire déjà fragilisé par l’arrivée des rides et des premiers cheveux blancs (s’il en a encore !).
Une situation professionnelle frustrante
Sa situation, ou son avenir professionnel, est un autre facteur qui peut déclencher une crise. Ai-je atteint les objectifs que je me suis fixés ? Comment se fait-il que cet incompétent ait obtenu cette promotion qui me tendait pourtant les bras ? Suis-je vraiment fait pour ce job ? N’y a t il pas plus important dans la vie que de remplir ces tableurs Excel dont je sais pertinemment qu’ils ne seront jamais ouverts par mon client ? Le décalage entre les ambitions qu’il avait plus jeune et la réalité de sa situation actuelle peut être violente et pousser l’homme de 40 ans à faire sa crise.
Une vie amoureuse insatisfaisante
Sa vie amoureuse, évidemment, peut être le point de départ d’une profonde remise en question. Suis-je vraiment obligé de vieillir avec cette femme que j’ai rencontré à la fac ? 16 ans qu’on vit ensemble, que voulez-vous que je lui dise encore ? Et cette fille de 25 ans qui passe tous les matins sous mes fenêtres, pourquoi ne referrais-je pas ma vie avec elle ? Qu’est-ce qui m’empêche de tout plaquer pour vivre une nouvelle aventure ?
Oui, l’homme de 40 ans est bien souvent un écorché vif tourmenté par le démon de midi, qui, lassé de respecter les codes qu’on lui a imposé depuis tant de décennies, se verrait bien tout plaquer pour une jeune fille à peine majeure (mais majeure quand même, ne plaisantons pas avec ce sujet).
Un corps qui vieillit
Son propre corps peut être source d’une crise existentielle majeure. Autrefois grand sportif, plantant des buts comme on enfile des perles tous les dimanches en championnat, enchaînant par des coups droits frappés avec l’élégance d’un Federer sur tous les courts de tennis du département, voilà que le corps coince. Plus épais, moins souple, moins rapide, le quadragénaire se prend désormais des branlées par son neveu de 18 ans, qui ne se gêne pas pour se moquer en le voyant le visage grimaçant de douleur et ruisselant, en situation de détresse respiratoire après avoir couru (au ralenti !) après cette amortie tellement mesquine qu’il ne rattrapa jamais. C’est fini. Le quarantenaire a rangé la raquette et les crampons. Il essaie de courir une ou deux fois par mois, mais ça l’emmerde, c’est pas du jeu. Et puis ça lui pète les genoux ces conneries.
Oui, à 40 ans, se plaindre de son corps est un exercice quotidien.
Se découvrir soi-même
Mais la crise de milieu de vie peut également survenir sans prévenir, alors qu’aucun événement ne laisse présager son apparition. Le quadragénaire est un homme bien sous tous rapports, manager ambitieux dans une entreprise en plein boum. Il brasse des centaines de milliers d’euros, sa femme, rencontrée à la fac, est toujours aussi belle et amoureuse. Ses enfants, presque adolescents, sont promis à de grandes études. Tout va si bien. Tout est tellement comme notre quarantenaire l’avait imaginé.
Le soir, il sirote un verre de Saint Emilion dans le jardin de sa belle villa des Hauts-de-Seine, qui domine le Mont Valérien. Tout va bien. Tout va si bien.
C’est simplement qu’il a 40 ans. Et que la vie est si courte. A part être devenu exactement comme son père voulait qu’il soit, qui est-il ? Qu’a-t-il accompli par lui-même ? Ses études ? Ce sont ses parents qui ont choisi. Son premier job ? Une relation de son père. Son premier enfant ? Sa mère rêvait tellement d’être grand-mère. Son rêve de devenir écrivain ? Piétiné par sa mère, encore elle, TOUJOURS ELLE, qui n’avait rien trouvé de mieux que d’en faire un sujet de plaisanterie lors de ce repas de Noël, en 1994, devant toute la famille. Pourquoi n’a-t-il jamais osé se lancer ? Simplement osé ? Est-il si lâche ?
C’est pour ne pas passer sa vie à la regretter que notre quarantenaire décide finalement de tout recommencer à zéro, quitte à menacer sa vie de famille et sa situation financière, et prendre enfin le temps d’écrire ce premier roman.
Plus tard, lorsqu’il regardera derrière lui, quel que soit le succès littéraire qu’il aura obtenu, au moins il pourra se dire : ‘J’ai eu le courage de vivre ma vie. Vive la crise de la quarantaine’.